Un parcours aux multiples facettes : de la mode à la photographie documentaire
Dans cet épisode du podcast Photo Storia, nous découvrons le cheminement de Yegan Mazandarani, un artiste dont le parcours détonne. Loin d’être une vocation initiale, la photographie s’est imposée à lui au gré des rencontres et des expériences. De la mode à la musique, en passant par ses nombreux voyages au Kazakhstan, en Iran ou en Ouzbékistan, il a ressenti le besoin de capturer le réel pour en conserver la mémoire. Cette entrevue, fruit de notre expertise en production de podcast documentaire, révèle comment ces expériences diverses ont nourri une vision artistique unique, le menant naturellement vers la photographie argentique et le reportage de fond.
La légitimité de l’artiste : quand se nomme-t-on photographe ?
Une des questions les plus fascinantes abordées est celle de la légitimité. Yegan Mazandarani avoue ne se considérer photographe que depuis deux ou trois ans, malgré une pratique de plus d’une décennie. Cette pudeur, née de son admiration pour les grands maîtres, illustre un doute commun à de nombreux créateurs. Il explique ce sentiment comme un tâtonnement, une découverte progressive de sa propre voix. C’est finalement le regard des autres et la concrétisation de son projet phare, le livre « Parias », qui l’ont aidé à endosser ce statut. Un témoignage puissant sur le syndrome de l’imposteur et le chemin vers la reconnaissance de son propre travail.
Entreprendre pour créer : financer la passion par l’indépendance
Le lieu de l’interview, un bureau de startup à La Défense, crée un contraste saisissant avec l’image du photographe de conflit. Yegan Mazandarani explique sans détour que cette double vie est la clé de sa liberté artistique. Fort d’une formation en commerce et d’une fibre entrepreneuriale héritée de ses parents, il alterne des missions en entreprise pour financer ses projets personnels. Cette indépendance lui permet de voyager, d’expérimenter et de s’investir pleinement dans des sujets exigeants, comme son livre sur le Donbass ou ses futures recherches sur l’anarchisme en Europe et la société iranienne. Une leçon pragmatique sur la nécessité pour l’artiste moderne d’être aussi un stratège.
La photographie argentique, une démarche militante et artisanale
À l’ère du tout-numérique, le choix de l’argentique est un acte fort. Yegan Mazandarani détaille les contraintes et les plaisirs de cette méthode : la gestion des pellicules en voyage, l’incertitude du résultat, le long processus de développement et de scan. Mais c’est aussi ce qui donne à son travail une matérialité et une profondeur singulières. Il évoque le plaisir de l’écriture manuscrite dans ses carnets, le choix du papier baryté pour ses tirages, et la collaboration avec des artisans. Cette approche artisanale est au cœur de sa démarche, offrant un contrepoint palpable à la dématérialisation de l’image. La production de podcast documentaire prend ici tout son sens en donnant à entendre la texture et la temporalité de ce processus créatif.
Un projet maison réalisé par Audio Pictura.