Du rap à l’objectif : la genèse d’un regard photographique
Comment une passion pour la musique peut-elle mener à la photographie ? Pour Robert Nzaou, artiste-photographe de Pointe-Noire en République du Congo, la transition fut naturelle. Invité par Julien Gérard dans le podcast Photo Storia, il raconte comment le rap français et ses textes ciselés ont éveillé en lui une sensibilité à la poésie du quotidien. Il y a trouvé un écho direct avec le travail de maîtres comme Henri Cartier-Bresson ou Robert Doisneau, découvrant que l’image pouvait, elle aussi, raconter des histoires puissantes et capturer l’instant décisif. Cette conversation explore la création d’un podcast pour artiste comme un formidable outil pour décortiquer un processus créatif, reliant des univers artistiques a priori éloignés mais partageant une même quête d’authenticité et d’expression.
Pointe-Noire : un théâtre à ciel ouvert
Photographier sa propre ville est un défi. Robert Nzaou le relève en portant un regard singulier sur Pointe-Noire. Loin des clichés, il s’inspire de son environnement pour créer des séries photographiques audacieuses. L’une d’elles, inspirée par le travail de Kiripi Katembo sur les flaques d’eau de Kinshasa, transforme les imperfections urbaines en miroirs poétiques de la société congolaise. Une autre, intitulée « L’amour féminin », utilise des mises en scène surréalistes – une baignoire dans la rue, un matelas sur la plage – pour interroger la perception de l’amour. L’épisode démontre comment un photographe, armé de son appareil et de son regard, transforme le réel en une narration visuelle riche et complexe.
Les défis de la photographie de rue au Congo
La photographie de rue n’est pas un art sans obstacles, surtout dans un contexte où la pratique est peu répandue. Robert Nzaou partage avec franchise les difficultés rencontrées : la méfiance, parfois l’hostilité des passants, et les croyances locales qui associent la photographie au vol de l’âme. Il explique sa méthode : ne jamais se cacher, engager le dialogue, expliquer sa démarche et respecter le refus. Cet échange met en lumière l’importance de la médiation et de la pédagogie dans la pratique documentaire. Il souligne la bravoure nécessaire pour imposer une vision et documenter le quotidien, faisant de chaque cliché un acte de témoignage culturel.
L’auto-édition comme acte d’indépendance
Que faire de centaines de photos qui risquent de se perdre dans les méandres d’un disque dur ? Pour Robert Nzaou, la réponse fut le livre. Face à un secteur de l’édition peu accessible, il a choisi la voie de l’auto-édition et de l’impression à la demande. Cette démarche lui a offert un contrôle total sur son œuvre, de la conception à la diffusion. Il raconte ce parcours d’entrepreneur, de la recherche de solutions techniques à la commercialisation auprès de son réseau. C’est une leçon inspirante sur la manière dont les artistes peuvent aujourd’hui s’approprier les outils de production pour donner une nouvelle vie à leur travail et raconter leurs propres histoires, sans intermédiaire. Un exemple parfait de la synergie possible entre un projet artistique et un format comme le podcast pour artiste qui en documente les coulisses.
Diffusé également sur Wave Storia.
Un projet maison réalisé par Audio Pictura.