De la Roumanie de Ceausescu à la révélation photographique
Le parcours de Géraldine Aresteanu est indissociable de son histoire. Née d’une mère française et d’un père roumain, elle passe les douze premières années de sa vie sous la dictature de Ceausescu. Un contexte sans images, sans publicité, où la seule photographie existante était celle de la propagande. La révolution de 1989 libère le pays et ouvre les esprits. C’est en découvrant une exposition de World Press Photo que Géraldine a une révélation : une image peut raconter une histoire, témoigner, transmettre une émotion. À 13 ans, sa décision est prise : elle sera photographe.
L’engagement comme fil conducteur : raconter des histoires humaines
Dans cet épisode du podcast photographe « Photo Storia », Géraldine Aresteanu explique comment son histoire personnelle a infusé toute sa pratique artistique. Son travail est résolument tourné vers l’humain, l’engagé. Loin des commandes qui ne sont pas en accord avec ses valeurs, comme cette collaboration avortée avec une grande marque de luxe où elle ne trouvait pas le bien-être des salariés, elle choisit des projets qui ont du sens. Son premier livre auto-édité, « Portrait pour un mot », sur la langue des signes d’enfants sourds-muets, lui vaudra le prix de la Fondation de France, un soutien financier décisif pour lancer sa carrière.
« 24 Heures » : l’immersion pour capter l’authenticité
Frustrée de ne pas passer assez de temps avec les gens qu’elle photographie, Géraldine a une idée radicale : vivre avec eux pendant 24 heures. Cette série de reportages immersifs, dont le premier fut réalisé en 2014 avec un pêcheur du Delta du Danube, est une quête d’authenticité. Le principe est simple : elle suit une personne pendant une journée et une nuit complètes, sans jamais se cacher, respectant toujours son intimité (une porte fermée reste fermée). Cette contrainte de temps long lui permet de se faire oublier, de capter des moments de vie bruts et sincères, comme pour son livre « 24h en réa » au sein d’un service d’urgence.
« Étranger » : un projet photographique pour changer les regards
Son dernier ouvrage, « Étranger », est l’aboutissement de vingt ans de travail sur le monde de l’entreprise. Convaincue que la richesse de la France vient de sa multiculturalité, elle a réalisé 32 portraits de travailleurs étrangers issus de 28 pays. Ce projet vise à montrer des individus plutôt qu’une masse, à mettre un visage sur ceux qui contribuent à notre société. Chaque portrait est accompagné de textes d’auteurs et de témoignages d’employeurs. C’est une démarche puissante qui utilise la photographie comme un outil de dialogue et de reconnaissance, un sujet parfaitement exploré dans ce format de podcast photographe.
Diffusé également sur Wave Storia.
Un projet maison réalisé par Audio Pictura.