D’une carrière de comptable à la révélation photographique
Avant de devenir la photographe reconnue qu’elle est aujourd’hui, Apsatou Bagaya a suivi un chemin pour le moins atypique. Formée à la comptabilité, elle a d’abord exercé ce métier qui, de son propre aveu, l’ennuyait. C’est en rejoignant une association audiovisuelle, Élan Vital, que son destin bascule. En charge de tâches polyvalentes, dont la transcription de vidéos, elle découvre le monde de l’image et se prend de passion pour la photographie. Ce premier contact marque le début d’une longue reconversion, la menant à ouvrir son premier studio photo en 2006 dans un lieu pour le moins surprenant : un parc d’attractions à Cotonou, au Bénin.
Le conseil qui a tout changé : « Rentre chez toi »
La rencontre avec le photographe belge Jean-Dominique Burton lors d’un workshop à la Fondation Zinsou en 2012 agit comme un véritable détonateur. Il lui fait comprendre que la photographie peut être un moyen d’expression personnel et artistique. Mais le conseil le plus précieux qu’il lui donne est aussi le plus simple : « Si tu veux trouver l’inspiration, faut que tu rentres chez toi ». Cet épisode du podcast Photo Storia se transforme en un podcast narratif captivant, explorant l’impact de cette phrase. Pour Apsatou, ce conseil signifie un retour au Niger, son pays natal, après près de vingt ans passés au Bénin. Un retour aux sources qui s’avérera fondamental pour la suite de sa carrière.
Redécouvrir le Niger : une source d’inspiration inépuisable
Après une pause de deux ans consacrée à sa vie personnelle, Apsatou se replonge dans la photographie en 2015 avec une nouvelle perspective. En se reconnectant avec sa famille, sa culture et son peuple, elle trouve l’inspiration qui lui manquait. Elle développe alors des séries photographiques personnelles et puissantes, ancrées dans la réalité nigérienne. Parmi elles, « Totem », une série sur les jeunes femmes voilées à l’université, ou encore « Taguia », consacrée aux bonnets traditionnels. Son travail, à la fois documentaire et artistique, témoigne de sa sensibilité et de son regard unique sur la société qui l’entoure.
Entreprendre dans la photographie : défis et reconnaissance
L’épisode aborde également les défis concrets du métier de photographe au Niger. Apsatou Bagaya évoque les difficultés à faire reconnaître la photographie comme une profession à part entière, face à la multiplication des smartphones et à des préjugés tenaces. Pourtant, à force de persévérance, elle a su construire une clientèle solide, notamment auprès des ONG et des expatriés, et gagner le respect de ses pairs et de sa famille. L’échange se conclut sur l’idée d’un livre photo, un projet qu’elle envisage sérieusement, encouragée par Julien Gérard à explorer la voie de l’auto-édition pour conserver sa liberté créative. Un véritable podcast narratif qui offre une vision complète du parcours d’une artiste engagée.
Diffusé également sur Wave Storia.
Un projet maison réalisé par Audio Pictura.